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Affaire Tariq Ramadan : l’étonnant psychiatre Daniel Zagury

Dernière mise à jour : 10 janv. 2020




Alors que les conclusions de la Brigade Criminelle sont à décharge de Tariq Ramadan, les juges ont décidé de mandater un expert psychiatre afin de déceler s’il y a eu « emprise » ou non. Une étrange requête.


En effet, le dossier prouve que les accusatrices ont toutes parlé de piéger Tariq Ramadan avant ou/et après l’avoir rencontré. Alors que l’ombre d’une machination ressort de l’enquête, il semble que les juges cherchent à gagner du temps en s’appuyant sur une notion très subjective.


Que fait cet expert psychiatre dans un tel dossier ? Habitué des procès médiatiques, le travail du Dr Daniel Zagury tourne,notamment concernant l’islam, autour de la radicalisation et du terrorisme. Il intervient d’ailleurs souvent sur les sujets touchants à l’islam et aux musulmans.  C’est donc un choix curieux que d’avoir fait appel à celui qui théorise le processus de radicalisation dans une enquête de mœurs. Et, qui plus est, dans un dossier où les conclusions de la Brigade Criminelle ont mis en exergue une notion déjà en soi antinomique avec l’emprise : la planification d’un piège. En effet, les trois femmes ont toutes voulu piéger Tariq Ramadan et pour certaines avant même de l’avoir rencontré. Elles en ont parlé, se sont concertées, ont planifié. Paule Emma Aline, la deuxième plaignante, n’avait pas encore rencontré Tariq Ramadan qu’elle était en contact avec la plaignante suisse et elles exprimaient toutes les deux leur volonté de piéger le philosophe dans une chambre d’hôtel et d’y faire venir un paparazzi. Toutes étaient en contact avec des ennemis de Tariq Ramadan avant et après les rencontres respectives.


Dans ce même dossier, on entend Mounia Rabbouj, dans les écoutes téléphoniques réalisées par la Brigade criminelle, parler à son interlocuteur de son désir de retirer sa plainte, de la manipulation exercée sur elle par Jean-Claude Elfassi et d’une somme d’argent qu’elle aurait reçue pour porter plainte. En effet, quelques jours avant de déposer plainte, elle échangeait avec le paparazzi Jean-Claude Elfassi afin d’envoyer à des organes de presse, dont l’ Express, des photos compromettantes qu’elle attribuait à Tariq Ramadan. Jean-Claude Elfassi s’est personellement chargé d’envoyer la photo de Mounia Rabbouj aux médias avant même le dépôt officiel de la plainte.

Dans ce dossier encore, la première plaignante ne donne ni lieu, ni date, concernant son présumé viol : tous les témoins ont, face à la Brigade Criminelle, parlé de son instabilité psychologique, de sa mythomanie et de ses manipulations.Enfin, la quatrième plaignante a elle-même affirmé, sur les réseaux sociaux, qu’elle était l’amie de Jean-Claude Elfassi : il lui aurait proposé « des aides de toutes sortes»  suite à sa plainte. Tariq Ramadan a un alibi puisqu’il n’était pas en France, et encore moins à Lyon, durant toute la semaine du soi-disant viol.


Un dossier, une absence de charges et un avocat nommé Morain


L’expert va devoir se positionner sur les auditions et les reconstitutions de discussions des plaignantes. Or, la Brigade Criminelle a prouvé que les récits de ces auditions n’étaient pas plausibles. C’est donc, en partie, sur des mensonges que les juges d’instruction attendent de l’expert des « réponses » ?  Une procédure qui va dans le sens de la partie civile puisque l’avocat de Paule-Emma Aline et Mounia Rabbouj, Me Éric Morain, a fait savoir dans une note qu’il ne prendrait plus en compte les conclusions de la Brigade Criminelle qu’il estime biaisées. Il cherche à justifier les mensonges répétés de ses deux clientes par cette même notion très subjective« d’emprise ».


Subjective mais précise. Il ne semble pas que ces femmes aient manifesté les différents symptômes et comportements qui permettent de dire qu’il y a eu emprise. L’assujettissement, l’isolement et la dépendance ne sont à aucun moment présents ni dans leur récit, ni dans le dossier, ni dans les témoignages autour de ces femmes. De même, Tariq Ramadan semble avoir très peu avoir échangé avec elles et dans ses messages, on ne perçoit aucune volonté de mise sous emprise, d’isolement ou d’assujettissement. Chez aucune des plaignantes. La Brigade Criminelle a d’ailleurs révélé que Paule Emma Aline et Henda Ayari étaient en relation avec d’autres hommes, au moment même où elles l’accusent de viol, et qu’elles vivaient des relations multiples, pour certaines sadomasochistes, scatophiles et coprophages.

Ce qui confirme donc qu’elles ne se sont jamais isolées dans une relation avec Tariq Ramadan. Au contraire, comme le rapport de la Brigade Criminelle le prouve aujourd’hui, il y a eu une planification et une volonté collectives et concertées de piéger Tariq Ramadan avant même de le rencontrer. Il est donc profondément étonnant et troublant qu’un expert accepte de travailler sur un tel dossier sans en questionner la demande et le fondement.


Zagury et Szpiner, un duo d’actualité


D’autre part, le Dr Daniel Zagury fait en ce moment la une des journaux, au côté de son ami Me Francis Szpiner dans le cadre de l’affaire Halimi. Sarah Halimi a été sauvagement assassinée dans des conditions tragiques par son voisin Kobali Traoré, en pleine bouffée délirante aiguë, ce qui implique forcement que le rapport à la réalité soit aboli comme le décrit le DSM-V. Si Daniel Zagury ne remet pas en question ce point-là, il pose la thèse que Kobali Traoré aurait volontairement pris du cannabis, en sachant les dangers criminels potentiels.


Ce qui permettrait de le rendre pénalement coupable et de l’envoyer en Cour d’Assises, souhait de l’avocat de la défense, Me Szpiner. Dr  Daniel Zagury a été contredit par six autres experts psychiatres, mandatés par les juges d’instruction. Ils sont tous formels et estiment que l'auteur a été pris d'une « bouffée délirante aiguë » (BDA), qu’il était atteint d'un « trouble psychique ou neuropsychique ayant aboli son discernement » au moment des faits. L’expertise de Danierl Zagury a donc été invalidée et contredite par ses pairs.

Le Dr Daniel Zagury, expert à la Cour, reste donc un mystère. Comment et pourquoi un psychiatre peut-il accepter de lier son nom à une affaire telle que celle de Tariq Ramadan, au relent d’instrumentalisation politique et d’islamophobie. Tout expert psychiatre se doit d’appréhender un dossier de façon scientifique et neutre. Comment peut-il accepter le principe d’une expertise sur l’emprise quand tous les éléments du dossier invalide ce présupposé ? Une chose est certaine, de nombreuses contre-expertises suivront qui montreront le parti pris de l’expert désigné si celui-ci privilégie, comme cela semble être trop souvent le cas, l’approche idéologique à la conclusion scientifique.


Adeline Baudin

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