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Les enfants « DYS », un parcours du combattant évitable?

Par Nadia Rieff


Les études scientifiques ont permis d’identifier et de comprendre les troubles « dys ». Malgré le travail d’information remarquable fait par les neuropédiatres, les associations telles que l’ANPEIP, la Fédération Française des DYS… Ces troubles restent largement méconnus des adultes en première ligne et dont le rôle est important, à savoir : les professeurs de ces enfants «dysférents».


Le propos ne sera pas ici d’énumérer et d’expliciter dans le détail les différents troubles « dys » ou handicaps invisibles qui touchent un nombre notable d’enfants scolarisés en France, mais de sensibiliser le lecteur aux difficultés collatérales que rencontrent ces enfants et leurs parents avec l’école.


En effet, les études scientifiques ont permis, à l’heure actuelle, d’identifier et de comprendre les troubles « dys », une littérature abondante existe sur le sujet. Cependant, malgré le travail d’information remarquable fait par les neuropédiatres, les associations telles que l’ANPEIP, la Fédération Française des DYS… Ces troubles restent largement méconnus des adultes en première ligne et dont le rôle est extraordinairement important, à savoir : les professeurs de ces enfants « dysférents ».


On regroupe sous “troubles Dys” les troubles cognitifs spécifiques et les troubles des apprentissages qu’ils induisent. Ces derniers apparaissent au cours du développement de l’enfant et perdurent à l’âge adulte. Ils ont des répercussions importantes sur la vie scolaire, sociale, et peuvent provoquer un déséquilibre psycho-affectif. Malgré une intelligence normale, voire même parfois supérieure, (beaucoup d’enfants intellectuellement précoces ont en parallèle des troubles dys) les difficultés restent persistantes et sont malheureusement souvent mal comprises.

On regroupe ces troubles en 6 catégories :

  • Les troubles spécifiques de l’acquisition du langage écrit, communément appelés dyslexie et dysorthographie.

  • Les troubles spécifiques du développement du langage oral, communément appelés dysphasie.

  • Les troubles spécifiques du développement moteur et/ou des fonctions visuo-spatiales, communément appelé dyspraxie.

  • Les troubles spécifiques du développement des processus attentionnels et/ou des fonctions exécutives, communément appelés troubles d’attention avec ou sans hyperactivité.

  • Les troubles spécifiques du développement des processus mnésiques.

  • Les troubles spécifiques des activités numériques, communément appelés dyscalculie.

Un nombre non négligeable d’enfants présentent plusieurs troubles dys associés. Il convient donc de s’interroger à la meilleure façon d’accompagner ces enfants pour favoriser au maximum leur bien-être à l’école. Au-delà des accompagnements individuels qui sont proposés par des professionnels tels que les orthophonistes, psychomotriciens, ergothérapeutes, neuropsychologues… le rôle des professeurs est primordial. En effet, la façon dont ils vont prendre en compte les difficultés de ces enfants impactera grandement leur scolarité et leur bien-être psychique.

Cette prise de conscience peut être salutaire et créer un effet gagnant-gagnant.

Lorsque l’on s’entretient avec des parents d’enfants "dys", le constat est pour le moment, bien souvent amer. Trop souvent, ils se heurtent à des incompréhensions de la part du corps enseignant et se désespèrent de voir ou d’entendre des remarques blessantes et jugeantes qui ne témoignent en fait, que d'un manque criant de formation.

« Malgré un PAP mis en place, très peu de recommandations sont effectivement appliquées. Régulièrement, mon fils se fait reprendre sur le soin de ses cahiers, il est accusé d’être trop lent, inattentif, il collectionne les mauvaises notes en sport alors qu’il est dyspraxique. S’il ne participe pas aux cours de sport, on l’accuse de mauvaise volonté. En réalité, il est extrêmement complexé, ses camarades se moquent de lui et pensent qu’il fait exprès. La psychologie n’est pas prise en compte alors qu’il parait assez évident qu’un enfant en échec, qui plus est devant ses camarades, va tenter des stratégies d’évitements, non pas liées à de la mauvaise volonté, mais à la difficulté d’être confronté au regard de l’autre. A quoi bon l’obliger à faire des matchs de badminton alors qu’il ne parvient pas encore à faire un service ? Il serait si simple pourtant, d’adapter les exercices pour qu’une autre dynamique se mette en place. C’est compliqué de sensibiliser certains professeurs. Ils paraissent septiques, supposent qu’avec plus d’efforts, plus de concentration tout irait mieux. Ils semblent totalement sous-estimer la somme d’effort déployée tout au long de la journée pour répondre au mieux à la demande scolaire. Parfois je suis fatiguée de réclamer un peu de compréhension et de bienveillance ». Maman d’un ado multidys de 13 ans

Ici, à travers ce témoignage, on constate que le trouble de cet enfant est mal compris et de fait les réactions et propos du professeur de sport sont inadéquats.

Cela crée un trio de souffrance :              

- Le professeur est démuni

- L’enfant est en souffrance psychique et en difficulté devant des exercices qui sont inadaptés

- Le parent est inquiet et ne se sent pas réellement partenaire de l’école pour la réussite de l’enfant

Pourtant, avec une formation ou simplement une curiosité personnelle du professeur, ce dernier saurait réagir et trouver de façon astucieuse, des manières de faire progresser l’enfant. Le professeur déploierait ses compétences, ce qui est toujours excitant. L’enfant quant à lui se sentirait considéré. Les exercices adaptés à ses troubles, lui permettraient de progresser à son rythme et son sentiment d’échec serait atténué. Il gagnerait en confiance en lui. Les autres élèves ne trouveraient plus l’occasion de se moquer et du point de vue éducatif pourrait apprendre à tolérer la différence. Enfin, le parent se sentirait entendu et cela renforcerait la coopération parent-professeur.

Ici on voit bien qu’un simple positionnement peut faire toute la différence. Cela demande peu de moyen et pourtant les bénéfices sont énormes.

D’un point de vue pédagogique, il n’y a qu’une manière de progresser sur le long terme : C’est de REUSSIR et (contrairement à tout ce qui est enseigné) d’AIMER ses élèves.

Les punitions, moqueries, soulignages hystérique en rouge, remarques décourageantes n’ont aucun effet positif sur l’enfant qui souvent a déjà une piètre estime de lui-même.

L’enfant "dys" a conscience de ses difficultés, il se sent « nul », il remarque qu’il ne parvient pas à faire ce que d’autres réussissent. Malgré ses efforts, bien qu’il suive des séances d’orthophonie par exemple, qu’il travaille beaucoup à la maison, il continue à faire des fautes, son écriture reste hésitante. Les reproches n’ont pour effet que de décourager ces enfants, car leurs efforts ne sont pas toujours imaginés et récompensés par de bons résultats.

« Le temps des devoirs est beaucoup plus long qu’avec mes autres enfants. Il faut reprendre les cours, souvent les recopier pour les rendre plus lisibles. Une fois que mon fils connait sa leçon, il passe beaucoup de temps à apprendre à orthographier correctement les mots clés. C’est parfois éreintant après une journée de cours et décourageant aussi, car rien ne garantit que le lendemain il écrira ces mêmes mots qu’il a appris la veille, correctement. » Maman d’un enfant porteur d’une dyslexie-dysorthographie en 6ième.            

Ici, on voit bien que ces enfants travaillent dur pour maintenir le cap, cela se passe dans l’intimité de la famille avec un soutien parental fort quand il existe. Les professeurs n’ont pas toujours cet élément, on imagine alors comment une remarque du type « tu dois travailler davantage » peut être accueillie par un adolescent qui tente bon an mal an de s’accrocher.

Bien entendu, il ne s’agit pas ici de faire le procès des professeurs qui font ce qu’ils peuvent avec la formation dont ils ont bénéficié, cependant, il parait indispensable de tirer la sonnette d’alarme et de sensibiliser tous ces acteurs de terrain à ces enfants dysférents. L'idée est de donner envie aux professeurs d'être cette personne dont les élèves se souviendront, comme dune personne formidable qui a su malgré les difficultés, les soutenir et les conduire vers la réussite. La sensibilité à fleur de peau de ces enfants, leurs troubles en font des êtres atypiques qu’il convient de protéger, en valorisant leurs qualités qui ne manquent pas par ailleurs. Les remarques humiliantes, les suspicions du type « il se cache derrière sa dyslexie » sont encore trop nombreuses et cette forme de maltraitance est liée à la méconnaissance. Ainsi, considérer les troubles, se former, s’informer est un devoir de la part des équipes enseignantes.

Les progrès sont là, il y a quelques années, on ne parlait pas de ces troubles, désormais, on peut mettre en place des PAP, espérer qu’un tiers temps soit accordé lors des examens… Cependant, il est temps de continuer à aller de l’avant, pour construire une société juste, où tout le monde trouve sa place grâce à l’entraide et aux progrès scientifiques. Il est important aussi que ces enfants puissent être aidés, car aujourd’hui les séances ou bilans en psychomotricité, ergothérapie, psychométrie…ne sont pas remboursés ce qui laisse sur le carreau une partie des enfants.

Les enseignants qui seront formés auront beaucoup à gagner en temps et en plaisir, parce qu’il est gratifiant de voir un enfant progresser grâce à son action juste et avisée. Les enfants quant à eux, auront une force supplémentaire, celle de leurs enseignants qui croient en eux, car pour croire en soi, il faut que quelqu’un ait cru en vous.


Nadia REIFF

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