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« Votre attention s’il vous plaît » ou l’univers caché d’une personne mythomane


Ce que l’on sait c’est qu’il s’agit d’une maladie mentale qui pousse le sujet à mentir et fabuler.


Laissons maintenant de côté ceci et explorons ce que l’on ne sait pas de la dimension psychologique du sujet pouvant s’inscrire dans la névrose comme dans la psychose, afin d’en comprendre son fonctionnement.


La personne atteinte de mythomanie croit à ses mensonges en les faisant croire aux autres, vivant dans une confusion entre réalité et fantasmes, elle n’a pas la capacité de prendre conscience qu’elle est en train de mentir.


Ces histoires construites, non pas pour tromper l’autre mais pour se créer une existence, une importance qu’elle ne trouve pas par ailleurs, s’étayent sur un fond d’insécurité où le besoin d’être reconnue et aimé est vital.


Ses mensonges prennent source dans son univers imaginaire sur lesquels elle tissera de l’incensé avec des points très précis de la réalité afin de concocter pour son public des histoires absurdes mais plausibles.


Il s’agit alors de scénarios créés et dans lequels elle tient un rôle central, qu’il s’agisse d’un rôle affluant ou d’une position de victime, l’intention est de maintenir l’attention, l’admiration, l’intérêt de l’autre pour pouvoir se sentir exister et c’est bel et bien en les happant dans ses histoires qu’elle trouve sa raison d’être.

Dans la réalité commune, son existence n’a pas de sens, son être est démuni de valeur, elle n’existe pour personne et cela lui est insupportable. Elle doit donc fuire cette dimension angoissante de la réalité, et c’est dans son univers imaginaire, où la création d’un personnage, d’une vie, d’évènements est rendue possible, qu’elle se réfugie.


Se présentant comme un mécanisme de défense face à cette réalité menaçante envers son être, ce besoin d’exister ailleurs et autrement prend place dans son récit. On décèle alors un besoin de se mettre en lumière, de sortir de son anonymat, et devenir cette personne de l’histoire qu’elle scénarise. La personne mythomane utilise ici l’attention de son public pour ses propres intentions afin de finalement pouvoir devenir quelqu’un.
En effet, dans sa triste réalité, une personne mythomane ne réussit pas à exister en dehors de ses mensonges. La construction d’histoires est donc pour elle l’unique voie de se faire connaître et reconnaître, d’exister et de se sentir en vie.

C’est dans un mouvement d’écartement de la dépression, et donc d’une certaine mort de soi venant condamner son être dans ce sentiment de n’être rien, qu’elle va s’exposer sous forme d’images, de rôles, de positions pour être quelque part « en dehors » de là où elle est réellement.


Il y a donc diverses réalités qui peuvent se construire dans le discours d’une personne atteinte de mythomanie, allant de l’obtention d’un diplôme renommé à être victime d’un incident effroyable. Le monde des fantasmes s’autorise à effleurer la réalité commune.

Quelques cas de mythomanes :


  • 1993 : le cas de Jean-Claude Romand, ayant fait croire à sa famille durant 18 ans qu’il était à la fois médecin et chercheur. À l’aube d’une vérité qui allait se découvrir, il tua les membres de sa famille.

  • 2001 : le cas de Tania Head, la soi disant survivante des attentats du 11 septembre et héroine de l’instant.

  • 2001 : le cas de Virginie Madeira ayant accusé son père de l’avoir violé à l’âge de 14 ans, elle écrira six ans plus tard un livre intitulé « j’ai menti ».

  • 2014 : le cas de Lola, viol à Perpignan, ayant porté plainte contre deux individus pour un viol qui n’a pas été commis, elle est allé jusqu’à se déchirer les habits pour scénariser son récit.


C’est en faisant exister la construction de ses réalités pour l’autre que la personne mythomane va réussir à la faire exister pour elle. Elle raconte des histoires, se met en histoires, elle se raconte.


Pour continuer à exister, elle doit nourrir son récit de vie, mais la préserver aussi. Et si ça ne collait plus et que des soupçons devaient surgir, elle trouvera une manière de faire des pirouettes pour corriger le tir. Elle créera des preuves qui vont lui permettre d’étayer son histoire et maintenir le public dans cette croyance.


Si la vérité se découvre, alors elle deviendra très agressive, cette vérité étant une menace à sa construction en tant que sujet.


Sur le terrain, il est cependant très difficile de déceler cette pathologie, seul le temps peut permettre aux fausses preuves de se démanteler en cours de route, et d’aboutir à un point de non retour où elle devra renoncer à cette existence qui l’isolera dans une dépression jusqu’à ce qu’elle choisisse un nouveau terrain pour tout reconstruire.


Thevaki Sriseyohn

Psychologue clinicienne

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