Un mystérieux « cavalier » retrouvé à l’intérieur d’un cercueil doublé de plomb sous les ruines de la cathédrale Notre-Dame a finalement été identifié comme étant le poète français de la Renaissance Joachim du Bellay, selon des experts judiciaires.
Les restes préservés, découvert sous la nef de Notre-Dame en 2022étaient conservés dans un sarcophage scellé à côté de ceux du grand prêtre Antoine de la Porte lors des fouilles qui ont suivi la Incendie à la cathédrale en 2019.
Une analyse effectuée par l’institut médico-légal du CHU de Toulouse a révélé que le squelette de l’homme présentait des signes de tuberculose osseuse, de méningite chronique et une propension à monter à cheval, ce qui a valu à l’homme son surnom.
Maintenant, ces détails ont conduit Dr Éric Crubézyprofesseur d’anthropologie biologique à l’université Toulouse III et directeur de recherche au CNRS, a émis des hypothèses sur l’identité de l’homme. Les résultats ont été annoncés le 17 septembre dans une déclaration traduite par l’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP).
« Il correspond à tous les critères du portrait », a déclaré Crubézy lors d’une conférence de presse le 17 septembre, selon La Croix« C’est un cavalier accompli, il souffre des deux affections mentionnées dans certains de ses poèmes, comme dans ‘La Complainte du désespéré’, où il décrit ‘cette tempête qui trouble (son) esprit’, et sa famille appartenait à la cour royale et à l’entourage proche du pape. »
« Il a fait le trajet de Paris à Rome, ce qui n’est pas une mince affaire quand on est atteint de tuberculose comme lui. Il a même failli en mourir », a ajouté Crubézy.
Né en Anjou, dans la vallée de la Loire, à l’ouest de la France, en 1522, du Bellay s’installe ensuite à Paris et à Rome où il compose ses œuvres phares pendant la période de la Renaissance française. Renaissancey compris un défense renommée du français comme langue artistique dont la littérature pouvait rivaliser avec la « qualité et l’expressivité » de la Grèce et de la Rome antiques. Après des années de mauvaise santé, du Bellay mourut en 1560 à l’âge de 37 ans.
Après sa mort, on pensait que les restes du poète étaient enterrés à Notre-Dame, aux côtés de ceux de son parent et ecclésiastique Jean du Bellay. Les restes de Jean furent retrouvés enterrés sous la chapelle du bâtiment, mais malgré des années de recherches, la tombe de Joachin du Bellay ne fut jamais retrouvée.
Après l’incendie de 2019, les archéologues travaillant à la restauration de la cathédrale ont découvert plus de 100 tombes enterrées sous celle-ci, notamment les deux sarcophages près de la croisée du transept de la cathédrale, l’intersection de la nef de l’édifice avec son transept, la partie de la cathédrale qui forme les « bras » de la croix. Les restes humains des cercueils ont été scellés derrière du plomb pour les protéger de l’humidité et empêcher la décomposition.
Cependant, tous les archéologues impliqués dans les fouilles ne sont pas convaincus que le squelette appartienne à du Bellay. S’exprimant lors de la conférence de presse, Christophe Besnierresponsable des fouilles et archéologue à l’INRAP, a déclaré que les analyses isotopiques suggéraient que l’homme avait grandi dans les régions parisienne ou lyonnaise, et non en Anjou. Les isotopes, ou variations d’éléments ayant un nombre différent de neutrons dans leur noyau, sont absorbés par l’alimentation et l’eau potable, avant de pénétrer dans les dents et les os des gens. Crubézy a répondu que du Bellay avait grandi en vivant avec Jean du Bellay, qui avait été évêque de Paris.
« Que peut-on avoir de plus ? » Président de l’INRAP Dominique Garcia a déclaré dans une interview avec Le Monde. « Trouvez la brosse à dents (de du Bellay) pour vérifier que la ADN des matchs ? Son âge et sa pathologie à eux seuls offrent une solidité statistique remarquable. »