
Au cœur du dossier concernant Tariq Ramadan de multiples opposants au professeur d'Oxford sont cités et sont soupçonnés de collusion. Les relations et les multiples connections entre ces acteurs-clefs et les plaignantes sont confirmées par de nombreux éléments versés au dossier. L'avocat de l'intellectuel a demandé à ce qu'ils soient entendus par les juges. Ceux-ci continuent pourtant d'ignorer ces requêtes et restent aveugles au rôle joué par ces personnes alors qu'elles sont citées par les plaignantes elles-mêmes.
Caroline Fourest, au cœur du dossier ?
Caroline Fourest, opposante connue de Tariq Ramadan, est l’une des premières à prendre la parole sur les plateaux de TV lorsque l’affaire éclate. Dans ses premières interventions, elle ment et dit d’abord ne pas connaître Henda Ayari puis elle minimise ses liens avec Paule-Emma Aline. Or l’enquête a prouvé que Caroline Fourest a eu 156 et 116 contacts téléphoniques avec respectivement Henda Ayari et Paule-Emma Aline, six mois déjà avant la première plainte de Henda Ayari en octobre 2017.
Caroline Fourest a ensuite reconnu avoir rencontré Paule-Emma Aline en 2009. Elle l'a présentée, avec l'aide d'Antoine Sfeir, au procureur Michel Debacq (ex-patron de la section antiterroriste du parquet et l’un des conseillers d’Emmanuel Macron) comme l'a révélé le JDD. Tous deux disent aujourd’hui avoir eu connaissance de l’accusation du viol dès 2009 mais n’avoir pas jugé utile d’agir. Une "journaliste d'investigation" et un procureur en exercice auraient donc eu connaissance d'un crime et n'en aurait pas dénoncé l'auteur?! Une attitude contraire à leur responsabilité respective : ils auraient alors gravement enfreint la loi.
Fait encore plus troublant, les expertises permettant d’accéder aux discussions Skype de Paule-Emma Aline ont mis en lumière une bien étrange discussion où Paule Emma Aline dit explicitement que Caroline Fourest fait partie de « son plan » pour faire tomber Tariq Ramadan. Malgré les demandes de Me Marsigny, avocat de l’intellectuel, Caroline Fourest n’a encore jamais été entendue par les juges. De même, les détails des fadettes téléphoniques (identifiant les dates et les heures des appels ou des SMS) n’ont jamais été rajoutées au dossier d’instruction. Caroline Fourest a par ailleurs eu des contacts avérés avec Majda Bernoussi, en Belgique, et la plaignante suisse dont le pseudonyme est « Brigitte » pour les médias et « Maimouna » sur les réseaux sociaux.
Jean-Claude Elfassi, Alain Soral et les autres
Le paparazzi israélo-français, très controversé, et connu pour sa brutalité, Jean-Claude Elfassi, est partout dans ce dossier. Il n’a toujours pas été entendu par la Brigade Criminelle et les juges. Il est soupçonné d’avoir joué un grand rôle dans la mise en scène des plaintes contre le professeur d’Oxford. Au mois d’août 2017, trois mois avant le début de l’affaire, il poste une annonce sur son blog demandant à des femmes de lui faire parvenir des témoignages intimes permettant de décrédibiliser Tariq Ramadan.
Tout comme dans l’affaire JeremStar, il aurait poussé la troisième plaignante à porter plainte et, selon cette dernière, à transformer son récit. Elle l’accuse aujourd’hui de l’avoir manipulée avec la complicité de Me Francis Szpiner. Jean-Claude Elfassi est depuis longtemps en contact avec Henda Ayari qui publie régulièrement des photos d’eux. Leur relation paraît étrange puisque des messages ambivalents échangés en privé, ont fuité et ont été postés sur le Net. Parfois violentes, souvent amicales ou davantage, leurs discussions prouvent qu’ils ont été en étroit contact, avant la plainte et pendant toute la procédure jusqu’à ce jour. Jean-Claude Elfassi a également eu des contacts directs et indirects avec la plaignante suisse avant et après qu’elle ait été convaincue de porter plainte en avril 2018.
Elfassi est aussi sous le coup de plusieurs plaintes dans cette affaire. Diffamation à l’encontre des témoins du professeur Tariq Ramadan, mais aussi harcèlements et menaces. Le paparazzi, avant de devenir très silencieux sur les réseaux sociaux, a harcelé certains membres de la famille, de nombreux soutiens et témoins de l’intellectuel en twittant des propos diffamatoires, souvent grossiers ou à caractère sexuel. Après sa dispute avec la troisième plaignante, Mounia Rabbouj, il a posté des photos d’elle nues, accompagnées d’un texte à connotation sexuelle. C’est Jean-Claude Elfassi qui a présenté Mounia Rabouj et Henda Ayari à son ami, l’avocat Me Szpiner, qui les a d’abord défendues. Ce dernier a été toutefois fortement remis en cause par la troisième plaignante qui l’accuse de manipulation et évoque des problèmes d’argent. Ce que confirment les écoutes téléphoniques de Mounia Rabbouj demandées par les juges : la plaignante affirme avoir reçu de l’argent de son avocat mais se plaint, auprès de l’un de ses interlocuteurs, du non respect de leur accord.
Enfin, d’autres protagonistes de l’affaire, opposants notoires de Tariq Ramadan, ont été en contact avec les deux premières plaignantes. Soupçonnés de collusion, aucun d’eux n’a été entendu. C’est notamment le cas d’Alain Soral. Henda Ayari le mentionne souvent dans ses messages adressés à Tariq Ramadan. Elle lui laisse entendre qu’elle a eu une relation avec Alain Soral et que celui-ci voulait qu’elle le piège.
De plus, d’après un témoin entendu par la Brigade Criminelle, Gamal Abina, Henda Ayari lui aurait confié qu’elle connaissait très bien Alain Soral avec lequel elle discutait régulièrement. Il témoigne : « Elle a été jusqu’à me donner son numéro de téléphone et m’a expliqué qu’à l’époque, il l’avait poussée à séduire Tariq Ramadan dans le but de lui faire une proposition dans un hôtel sans doute pour le faire chanter. »
Paule-Emma Aline était également en contact avec lui et son ami de l’époque, Salim Laïbi, « le libre penseur », tous deux poches des mouvements d’extrêmes droites. Elle en avait informé Tariq Ramadan dès 2009. Enfin, selon une source proche du dossier, Alain Soral a été le compagnon de Majda Bernoussi qui aurait révélé, par email, qu’il lui avait également proposé de « piéger Ramadan ». La plaignante suisse, « Brigitte »-« Maimouna » fut également en contact avec Alain Soral par l’intermédiaire de Dieudonné avec lequel elle a affiché une relation très proche et intime sur les réseaux sociaux (posts et photos).
Nacira Menadi (« Vanessa » de BeurFM) a été entendue par la police mais pas par les juges. Elle a été en relation téléphonique 57 fois avec Henda Ayari et 51 avec Paule-Emma Aline entre mai et novembre 2017 (six mois avant les plaintes) selon les éléments versés au dossier. Depuis 2009, elle a eu de nombreux contacts sur les réseaux sociaux avec la plaignante suisse « Maimouna ». Elle est une amie intime de Yasmine Kepel, la compagne de Gilles Kepel, dont l’opposition au professeur d’Oxford est connue depuis longtemps et qui annonçait à un journaliste du Net, en 2015, deux ans avant l’affaire, que Tariq Ramadan allait bientôt « exploser en vol ».
Les bloggeurs Maamar Metmati et Adeline Aragon (dont le pseudonyme est « Lucia Canovi » sur le Net) n’ont curieusement pas été entendus. Maamar Metmati, dans une vidéo postée près de six mois avant l’affaire, proposait de donner 3000 € à quiconque lui fournirait des informations sur la vie privée et sexuelle de Tariq Ramadan. « Lucia Canovi » a posté des dizaines de messages et vidéos sur internet appelant les gens à la délation contre Tariq Ramadan. Elle a écrit un livre contre l’intellectuel durant l’année qui a précédé l’affaire où elle annonçait vouloir le faire tomber.
Son livre rapporte des témoignages de femmes et sur un post Facebook, elle donne des signes distinctifs de l’anatomie du professeur pour, affirme-t-elle, aider à rendre « plus crédibles » les témoignages de celles qui aimeraient s’attaquer à Tariq Ramadan. Elle a été en contact avec les quatre plaignantes et les deux témoins « R » et « C » qui ont témoigné sous X contre Tariq Ramadan. Enfin, le journaliste retraité, Ian Hamel, le sociologue Vincent Geisser (qui a échangé de nombreux messages avec Henda Ayari) et le procureur Michel Debacq eux aussi gravitent autour du dossier, et n’ont pas non plus été entendus sur l’affaire.
Dans un dossier tel que celui concernant l’affaire Tariq Ramadan, où tant d’opposants notoires ont été ou sont en contact avec les plaignantes, il est légitime de se poser une question : ce dossier est-il d’abord politique ? Pourquoi ce traitement à géométrie variable selon l’identité du justiciable ou la nature de la couverture médiatique qui accompagne l’affaire ? Pourquoi des personnalités si présentes dans le dossier sont-elles si absentes de la procédure judiciaire et du questionnement des médias ?
Que cachent donc ces absents ? Que nous cache-t-on ? Dans une affaire dont l’impact est mondial, comment expliquer qu’aucun journal ou journaliste d’investigation, et pas même Mediapart, ne se soit penché tant sur le rôle de ces absents que sur la forte probabilité de collusions politiques.
M.M